SEMINAIRE

Architecture : une hantologie

Zombies

JEU 1er JUIN A 14H

Atelier 404

Invités  : Karim Ghaddab, critique d’art, enseignant à l’ESADSE / Sébastien Martinez-Barat, architecte, MCA TPCAU à l’ENSASE

Walk with a zombie
Trouvant ses origines dans la culture haïtienne, le zombie identifie l’état cataleptique d’un être humain victime de sortilège ; frappé de mort cérébrale, l’individu est ramené à une vie amorphe ; ce mort-vivant dépourvu de conscience est ainsi entièrement soumis à un pouvoir surnaturel. Aujourd’hui l’emploi du
terme zombie dans la culture populaire s’éloigne de cette conception anthropologique pour renvoyer aujourd’hui à l’une des figures normatives du cinéma d’horreur ; zombie recouvre l’ensemble des variations macabres sur le thème du mort-vivant, déjà présent dans nombreux folklores européens et récits fantastiques du Moyen-Âge à la Renaissance. C’est avec le cinéaste George A. Romero, dans le premier volet de la saga des zombies, La nuit des morts-vivants que s’invite une conception plus abstraite d’un zombie (Night of the living dead, 1968), comme pur motif récurrent et codifié de la pop culture: un corps en décomposition, où les organes se dissolvent jusqu’à se détacher, se déplaçant dans cette démarche hésitante et peu assurée caractéristique.
La lenteur et la difficulté à se déplacer, la décomposition du corps qui mène jusqu’à une fragmentation des membres, l’imprécision de gestes réduits à n’être que les vestiges d’une conscience perdue,… deviennent elles les figures hallucinantes d’une contre-histoire de nos corps et de son rapport à l’espace moderne ? G.Deleuze et F. Guattari, quatre ans après La Nuit des morts-vivants, évoquaient déjà dans L’Anti-OEdipe l’émergence de ce corps dans une société « où les codes sont défaits, l’instinct de mort s’empare de l’appareil répressif, et se met à diriger la circulation de la libido. Axiomatique mortuaire. On peut croire alors à des désirs libérés, mais qui, comme des cadavres, se nourrissent d’images. On ne désire pas la mort, mais ce qu’on désire est mort, déjà mort : des images ». (1)

(1) Gilles DELEUZE & Félix GUATTARI, Capitalisme et schizophrénie. L’Anti-OEdipe, Paris, Les Éditions de Minuit, 1972 p.404

Architecture : une hantologie est un projet de recherche-création, articulant expositions, séminaires et publications porté par Pierre-Albert Perrillat (Professeur, Théories et Pratiques de la Conception Architecturale et Urbaine, TPCAU), Rémy Jacquier et Patrick Condouret (Maîtres de conférences, Arts et Techniques de la Représentation – Arts Plastiques et Visuels, ATR-APV).

Cinq séminaires sont proposés, auxquels sont invités aussi bien des artistes, des architectes récemment diplômés que des enseignants de diverses disciplines de l’UJM, l’ENSASE et l’ESADSE, ils sont organisés avec l’unité de recherche ECLLA ” Etudes du Contemporain en Littératures, Langues, Arts ” Université Jean Monnet et feront l’objet d’une publication ultérieure en partenariat avec Créaphis Editions.