L’« entre-deux barres » est l’occasion de porter pour la première fois un regard « par en-dessous » sur les formes des logements collectifs inventées et imposées par le projet moderne puis déployées mondialement entre les années 50 et les années 80. L’entre-deux barres se définit comme un espace-temps de résistance populaire au processus de dépossession appliqué à la question de l’habitat, et un ensemble d’inventions sociales et spatiales qui en contredisent les principes. Cette recherche n’est donc pas issue d’un énième retour critique sur l’expérience des logements sociaux et des grands ensembles mais bien une immersion dans le moment, plus ou moins court, durant lequel des personnes, des familles soumises à la concentration dans des logements collectifs, ont repris en mains ce qui les concernait directement et dont elles avaient été dépossédées par tous les experts de l’organisation et de la planification. Les cas étudiés dans cette recherche, collectés sous toutes les latitudes et sur trois continents, nous montrent de façon parfois spectaculaire que quelque-chose d’avant et par delà la mise en œuvre du projet moderne résiste, ce quelque-chose qui à trait aux cultures et aux comportements réapparaît par les « rattrapages » de toute nature produits par les habitants. Finalement, certaines façons d’être au et dans le monde, disqualifiées par le projet moderne, ré-émergent de leurs actions. Cette présentations sera aussi l’occasion de faire un bref exposé sur une expérience en cours : un travail de terrain mené par Maria Anita Palumbo en collaboration avec l’architecte Bernardo Robles Hidalgo (Atelier MAMA, Bruxelles) pour le bureau d’architecture Metapolis en charge de définir le nouveau Master Plan de Kolderbos, cité d’habitat sociale d’une soixantaine de petites barres de logements construites à la fin des années 60 à Genk, en Flandre (Belgique).