La tradition judéo-chrétienne en a fait une ressource et un support à l’installation humaine. Elle en a aussi fait une malédiction depuis la sortie de l’Eden, la mort d’Abel et l’érection de la première ville, Hénoch. Les premières conquêtes de territoires avaient pour but de s’accaparer des sols pour en exploiter les ressources nourricières et minières, les grandes découvertes et colonisations, à partir du 15 ème siècle ont poursuivi cette logique. Les révolutions industrielles et agricoles des XVII ème et XIX ème siècle ont achevé d’occuper le territoire et de parfaire une conception utilitariste des sols. Quant aux XX ème et XXI ème siècles, ils ont vu les termes de “rendement”, “artificialisation”, “épuisement”, etc. comme synonymes de rapport au sol. Aujourd’hui, l’Anthropocène nécessite de fonder un nouvel art d’habiter et la pierre angulaire de ce nouveau paradigme est certainement le sol, entendu dans toutes ses dimensions fondamentales et essentielles. En retrouver l’épaisseur, les ménager, semble être l’horizon qui invite architectes, urbanistes, artistes, élus, habitant à rebrousser chemin pour qu’humus et humain riment à nouveau !

Patrick Henry est architecte et urbaniste, professeur TPCAU à l’ENSA de Paris-Belleville où il y dirige le diplôme de spécialisation en urbanisme (DSA architecture des territoires). Dans son ouvrage, « Des tracés aux traces, pour un urbanisme des sols », il explore des pistes tant réflexives, analytiques qu’opérationnelles pour la définition d’un urbanisme et d’une architecture de l’attention fondés sur une meilleur prise en compte du sol, à la fois milieu, ressource et mémoire. Ces explorations conduisent  à mieux partager, considérer, protéger, ménager les sols en écho aux transitions de notre habiter et la nécessité de faire commun.

Des tracés aux traces, pour un urbanisme des sols
Auteur : Patrick Henry
Editions : Apogée
Année de publication : 2022