EXPOSITION

Forever ever

Ce que l’architecture doit au sol

27 septembre – 28 octobre 2022

Salle d’exposition de l’ENSASE

Vernissage mardi 27 septembre à 18h

Profitant du prétexte à sa participation 2021 au Solar Decathlon européen, l’ENSASE a organisé un cycle de conférences, discussions et débats mêlant recyclage urbain, questions énergétiques, environnement digital et sciences du vivant. Ces discussions ont construit la perspective théorique d’un projet développé en parallèle par un groupe de Master, qui a été présenté à Wuppertal lors du Solar Decathlon 2021.

Depuis ses débuts en 2002 alors orientés vers la question du « solaire », la recherche inter-universitaire s’est progressivement tournée vers d’autres formes d’enjeux. La manifestation est aujourd’hui appréhendée dans toute son épaisseur conceptuelle : il s’agit d’une question globale qui peut inclure de multiples facettes énergétiques – grise, verte, active, passive, éco, bio, naturelle, artificielle, sourcée, recyclée, recyclable, circulaire ou carbon-neutre. Un répertoire réflexif, linguistique et opérationnel élargi en quelque sorte.
La réflexion globale agrège Data Centers (la composante physique d’un mode de vie ultra-connecté qui constitue notre environnement contemporain), espaces vacants en centres urbains, production d’énergie (les centres de stockage de données produisent beaucoup de chaleur) et écosystèmes artificiels (lorsque l’on parle de climats intérieurs). Un intérêt élargi pour l’humain associé à l’univers du vivant non-humain.
Six soirées ont rassemblé architectes, ingénieurs, philosophes et scientifiques pour aborder des questions actuelles, intriquées en un ensemble complexe : la problématique des ressources, la notion de récits, les communautés humaines, la dimension climatique, le vivant élargi aux non-humains et notre rapport aux technologies.

L’exposition FOREVER EVER résulte de cette expérience croisée entre conférences et démarche pédagogique expérimentale.

  • Echelle 1 / SYSTÈME
    La ville de Saint-Etienne est un territoire énergétique historique. Au 17ème siècle, c’est un atelier en action qui profite de la force motrice des eaux du Furens (petite rivière au régime torrentiel) et d’une exploitation de houille organisée dans un régime de droit privé. Au 18ème siècle, la ville industrielle est stratégiquement située – loin des frontières mais sur une ligne de partage des eaux qui la relie tant au front atlantique par la vallée de l’Ondaine, qu’à la mer méditerranée par la Vallée du Gier qui mène au Rhône. La ville exporte du charbon mais s’en réserve une bonne part pour la production industrielle locale. La “Réserve Stéphanoise” créée en 1701 lui assure une autonomie énergétique. Aux 19ème et 20ème siècle, c’est un bassin industriel majeur qui poursuit sa croissance avec l’apport d’une main d’œuvre issue d’une immigration de plus en plus éloignée. La ville se dote, comme toute l’Europe, d’un réseau électrique – ces pylônes, postes sources et transformateurs qui définissent les bords de ville et s’immiscent discrètement dans le tissu urbain. La ville devient alors progressivement dépendante d’un système centralisé de réseau électrique. Chaque strate historique du territoire stéphanois est aujourd’hui marquée par la production, le transport ou la distribution d’énergie.
    Le 21ème siècle porte en lui une question fondamentale : quelle nouvelle strate implémenter si l’on envisage la double question des ressources et la distribution d’énergie correspondant à notre mode de vie ultra connecté ?
  • Echelle 2 / SITES
    Les bâtiments existants constituent des opportunités non encore explorée, dans une perspective d’aménagement énergétique des espaces urbains. Après la guerre c’est à tour de bras que des logements sociaux ont été édifiés – Saint-Etienne connaissant ainsi son dernier sursaut d’expansion. Ces édifices sont aujourd’hui de véritables passoires thermiques dont le devenir pose question. Considérés comme “structures capables », nous pourrions aussi les envisager comme des dispositifs structurels disponibles pour envisager des cohabitations mixtes à vocation énergétiques – notamment pour le stockage de données et la production d’énergie associant habitat humain et intégration du vivant non-humain (végétal ou animal).
  • Echelle 3 / FORMES
    L’échelle architecturale est abordée par quatre composantes qui vont alimenter les questions d’architecture pour les prochaines décennies :
    – la place du vivant dans l’architecture, en ce qu’elle modifie fondamentalement la programmation architecturale et présuppose un nouvelle esthétiques,
    – le recyclage et le réemploi des matériaux certes, mais surtout des édifices, notamment ceux ne répondant plus aux exigences environnementales,
    – la maîtrise des micro-climats et ses conséquences sur les actions et les formes,
    – la gouvernance des actions et des décisions en réaction à la fabrication de la ville néolibérale.