La maison ENSASE

4 questions à Caroline Vernay

Étudiante en master 2, en soutenance PFE en juin prochain

Comment se passe l’enseignement à distance ?

Clairement ce n’est pas comme ça que j’imaginais préparer mon projet de fin d’études. Mais je me sens particulièrement privilégiée dans cette situation.
Tous mes proches sont en bonne santé, j’ai un appartement confortable, les moyens de le payer, et les conditions nécessaires pour continuer de travailler : je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde.

Par ailleurs, mes professeurs sont à notre écoute. Nous avons construit ensemble un système permettant à chacun d’échanger à distance, mais surtout d’entendre les échanges que les autres ont avec les professeurs. Même si l’on avait un peu de mal à le croire en S1, aujourd’hui nous sommes tous d’accord pour affirmer que ces moments où l’on assiste aux « corrections » des autres, sont tout autant, voir plus importants que nos propres rendez-vous.

Nos professeurs sont là, s’adaptent à nos conditions de travail et nos rythmes. Chaque élève s’inscrit dans un planning, s’il veut avoir un temps d’échange lors d’une des deux journées hebdomadaires qui y sont consacrées. En moyenne, chaque élève passe tous les quinze jours pendant quarante-cinq minutes. Et puis les conditions font que tout le monde doit s’adapter : un PFE sur ZOOM, c’est plutôt original. Nous devons tout réinventer ensemble.

Comment organises-tu tes journées ?

Apparemment quelque chose a changé en France depuis le 11 mai, mais pour ceux qui passent le PFE, le confinement studieux continu.

Sarah a emménagé chez moi dès le mois de mars, et puisque qu’en S10 nous n’avons plus de cours, il était important que l’on se créé un rythme régulier. Donc oui, le réveil sonne à 7h30 et non, la pause à midi n’est pas suivie d’une belle sieste au soleil, mais jusque-là pas de charrette, et ce n’est pas prévu pour la fin non plus. C’est plutôt un PFE d’endurance pour nous, avec des journées de pause de temps (jeudi is the new dimanche).

Le matin, pas de questionnement : j’occupe mes journées à travailler. C’est dur d’être les yeux fixés sur l’ordinateur plus de 10 heures par jour, mais je pense que tous les M2 y sont passés, covid ou non.. J’avoue qu’un petit verre en terrasse de temps en temps ne devait pas leur faire de mal, par contre..

Voilà ce que nous nous sommes dit dés le début : la planète entière attend que nous ayons fini nos PFE pour reprendre la fête… Plutôt sympa finalement ! Promis, on s’applique pour que ça ne prenne pas trop de temps !

As-tu des liens avec tes enseignants ? Les autres étudiants ?

Je trouve que ces réseaux sociaux que l’on critique tant, prennent leur vraie utilité dans cette période. Nous avons l’impression d’avoir des nouvelles de tout le monde, sans vraiment les demander…
Ils ont aussi leurs limites : on s’appelle, on s’écrit, mais franchement, ce n’est pas pareil.

Marianne et Sarah ont les clés de chez moi, et viennent y travailler aux horaires qu’elles préfèrent, impossible pour nous d’avancer seules ! C’est particulièrement intéressant d’échanger ensemble, puisque nous sommes dans trois domaines différents.

Et puis en cinq ans, j’ai eu le temps de créer des liens avec beaucoup de gens. J’envoie tout plein de courage aux L1 qui avancent peut-être dans cette école dématérialisée en connaissant encore peu de personnes sur qui s’appuyer.

Qu’est-ce qui te manque le plus à l’ENSASE

Au quotidien, nos heures de travail sont les mêmes, mais il nous manque toutes ces petites têtes qui passent la porte de l’atelier pour un « tu descends pour un caf ? » , un « j’ai une question pour mon projet » ou un « t’as une clé USB ? » , tout simplement.

Et puis même si rester à Saint-Etienne permet d’avoir l’occasion de boire une quina, ou une manu de temps en temps, elles n’ont étrangement pas le même goût qu’au BDA. Il leur manque un zeste de Céline Dion et de traquenard..

L’école est réellement un point de ralliement, pour une quantité énorme de personnes d’âges et de profils différents. C’est ce que j’aime tant. Et cela me manque de ne plus les croiser à l’improviste.

Finir comme ça, c’est difficile pour beaucoup de Masters 2.. Notre PFE, n’aura pas du tout l’aspect de « rituel » qu’avaient les PFE d’avant : on ne réfléchit qu’au haut de la tenue que nous porterons, nos parents n’assisteront pas aux soutenances, nos amis non plus, et nous ne nous serrerons pas dans les bras à la fin..

Je tiens à vous dire que nous avons été nombreux à être très tristes lorsque le Président à annoncé que les universités ne rouvriraient pas. Nous savions que nous allions pleurer en juin en quittant l’école, mais là, on avait plusieurs mois d’avance sur le programme, et surtout nous n’avons pas pu dire au revoir. Le clic sur «quitter la conversation» à la fin de notre soutenance dématérialisée, aura un goût de « quitter l’ENSASE », et ce n’est pas à la hauteur de ce que nous avons partagé. Si tout va bien, nous espérons donc nous et vous retrouver dans l’année prochaine, pour un gala différé ou la remise de nos diplômes ! En attendant, on donne tout pour réussir cet exercice final !