ÉVÉNEMENT

Les journées archi-citoyennes 2021-2022

Conférences – Rencontres –  Débats – Exposition

Programme

Mardi 28 septembre 2021
Amphithéâtre

•18h00 – Conférence inaugurale

>Grand témoin
Michel Wieviorka :

« Le racisme et l’antisémitisme sont des phénomènes globaux, planétaires, qui présentent de fortes spécificités dans chaque pays – il s’agira ici de la France. Ils évoluent du fait des transformations du monde, et de celles de notre société : entre autres, dans la période récente, pour le racisme, la décolonisation et l’entrée dans l’ère postcoloniale, les mutations des migrations, les crises économiques et l’épuisement des modes classiques, tayloriens, d’organisation du travail dans les entreprises, l’inscription de ces changements dans l’espace, à commencer par les « banlieues ». Et pour l’antisémitisme, la place de la Shoah dans la conscience collective, les passions relatives à Israël et au conflit israélo-palestinien.
Pour l’un comme pour l’autre, les développements de la géopolitique mondiale, et notamment proche-orientale, tout ce qui touche à l’islam, et à l’islamisme radical, ainsi que la fragmentation de la société, l’individualisme, la crise de la démocratie représentative avec ce qu’elle suscite de populisme, fabriquent des modalités nouvelles, ou renouvelées de la haine et des préjugés qu’exacerbe la crise sanitaire actuelle. Dès lors, l’antiracisme est également appelé à se transformer. »

Michel Wieviorka est docteur d’État ès Lettres et Sciences Humaines, directeur d’études à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il a été Président de la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme (FMSH) de 2009 à 2020 et directeur du Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS, EHESS-CNRS) entre 1993 et 2009.
De 2006 à 2010, il a été Président de l’Association internationale de sociologie AIS/ISA, et il est membre depuis 2014 du Conseil scientifique de l’ERC (European Research Council).
Il a été co-directeur, avec Georges Balandier, de la revue Cahiers Internationaux de Sociologie de 1991 à 2011, et il dirige maintenant avec Laetitia Atlani-Duault la nouvelle revue SOCIO, qu’il a créée en 2013. Il a récemment publié (mars 2020), Pour une démocratie de combat, aux éditions Robert Laffont et Racisme, antisémitisme, antiracisme. Apologie pour la recherche. Rapport à Madame Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Avril 2021), en prêt à la bibliothèque de l’ENSASE.

Mercredi 29 septembre 2021
Amphithéâtre

•9h00 Ouverture de la journée

Gabriele Fioni, recteur délégué pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation de la Région académique Auvergne-Rhône-Alpes

•9h30 – 10h00
Rôle du référent discriminations à l’ENSASE

Habib Kralifa est chef du service des Ressources Humaines, référent discriminations à l’ENSASE. Il a piloté le dossier de candidature AFNOR au double label Diversité Egalité, obtenu par l’ENSASE en 2018 et 2019 et renouvelé en 2021.

•10h15 – 11h15
Dolorès Ponramon et Virginie Vasseur
Présentation des missions du Défenseur des droits

Le Défenseur des droits est une institution indépendante de l’État. Créée en 2011 et inscrite dans la Constitution, elle s’est vue confier deux missions, défendre les personnes dont les droits ne sont pas respectés et permettre l’égalité de tous et toutes dans l’accès aux droits.

Dolorès Ponramon est déléguée territoriale du Défenseur des droits, ex-conseillère municipale, chargée de la lutte contre les discriminations et de la défense des droits à Roanne, est engagée de longue date dans le milieu associatif et syndical. Elle est l’une des cinq délégués du Défenseur des Droits sur le secteur Loire Nord.
Virginie Vasseur est chargée de mission Lutte contre les discriminations et promotion de l’égalité Auvergne Rhône-Alpes du Défenseur des Droits.

•14h00 – 16h00
Martine Derrier et Gérard Noiriel
La rhétorique de la haine

Conférence théâtralisée – coproduction collectif DAJA et Les Petits Ruisseaux
Cette conférence gesticulée met en scène un personnage imaginaire qui réussit à s’imposer comme un polémiste célèbre en développant un discours de haine focalisé sur un ennemi imaginaire. Le recours à la fiction permet de prendre du recul par rapport à l’actualité afin de focaliser l’attention du public sur les facteurs qui entrent en jeu dans la fabrication d’une croyance collective ; transformant ainsi une minorité en « problème » au détriment de toute argumentation rationnelle. Le spectacle est aussi une réflexion sur le métier d’historien et les problèmes auxquels il se heurte quand il veut combattre ces discours de haine en s’appuyant sur son savoir.
L’humour, la dérision, l’ironie sont mobilisés pour inciter le spectateur à réfléchir et à s’interroger sur lui-même.

Martine Derrier est administratrice de la compagnie théâtrale Les Petits Ruisseaux et directrice de l’association d’éducation populaire DAJA (Des Acteurs culturels J’usqu’aux chercheurs et aux Artistes).
Gérard Noiriel est historien et spécialiste de l’histoire de l’immigration en France. Il s’est également intéressé à l’histoire de la classe ouvrière, et aux questions interdisciplinaires et épistémologiques en histoire. Il est directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

•16h15 – 18h00

> Grand témoin
Françoise Henry-Lorcerie
Éducation et diversité : quels défis ?

En parlant de la «diversité» de la société (ce qu’il fait depuis 2005), l’Etat désigne d’une façon détournée la pluralité ethno-religieuse et raciale de la société. Il arrive que les personnes ainsi désignées acceptent cette expression et la reprennent. Mais leurs attentes de reconnaissance peuvent aller plus loin, et elles rencontrent alors l’hostilité de courants qui dénoncent le communautarisme ou le séparatisme. C’est sur cet arrière-fond extrêmement polémique et politisé que se pose la question des défis adressés à l’Ecole par la «diversité». Ils sont de deux sortes. Un défi au principe d’égalité, d’abord. Que sait-on des inégalités associées à la diversité ethno-raciale ? Contrairement à ce qui se répète, on dispose aujourd’hui d’informations assez précises sur la question. Un défi à l’universalisme de l’Ecole ensuite. Le principe d’égalité a été associé traditionnellement à un refus de «faire des différences» entre les élèves. Mais en réalité, la sociologie a montré de longue date que l’Ecole fait des différences en croyant ne pas en faire. En quels termes penser un universalisme vraiment inclusif, tel que chacune et chacun se voie assuré.e de sa place dans la société ?
On touche ici, entre autres, au contenu du principe de laïcité. La conférence dessinera l’état des connaissances et des débats sur ces questions, avant d’ouvrir sur un échange entre les participants.

Françoise Henry-Lorcerie est sociologue, directrice émérite de recherche au CNRS. Elle a enseigné à différents niveaux du système scolaire, en France et en Algérie, et a été formatrice d’enseignants, avant d’entrer au CNRS, en sciences politiques. Son programme de recherche est centré sur l’ «ethnicisation» de l’Ecole, c’est-à-dire comment la pluralité ethno-religieuse de la société affecte l’Ecole, et les réponses qui sont données à ces phénomènes par l’institution. Parmi ses publications : La politisation du voile, L’Harmattan 2004; L’Ecole et le défi ethnique, ESF et INRP, 2003 (chapitres en ligne sur Hal SHS); Les Marseillais musulmans, rapport pour OSI, 2011 (avec Vincent Geisser, en ligne sur site OSI); Education et diversité. Les fondamentaux de l’action, PUR, 2021.

Jeudi 30 septembre 2021
Amphithéâtre

•10h00 – 12h00
Formation par le groupe Egaé : Sensibilisation sur la place des femmes dans l’architecture et la prévention des violences sexistes et sexuelles.

– Introduction, cadre de la sensibilisation
– La place des femmes dans l’architecture
– Prévention des violences sexistes et sexuelles à l’école : définitions et chiffres clés
– Comprendre les conséquences des violences
– Comment agir ?

Le groupe Egaé fondé par Caroline De Haas et Pauline Chabbert est une agence de conseil, formation, communication et événementiel intervenant sur la thématique de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la lutte contre les discriminations et de la prévention des violences morales et sexuelles au travail.
Le groupe Egaé intervient principalement au travers de conseils personnalisés et de formations innovantes. A tous les échelons, un accompagnement sur-mesure est proposé pour que tous et toutes s’engagent dans une démarche d’égalité, créatrice de lien social et vectrice de progrès. L’équipe, constituée de 15 consultantes-formatrices et d’une équipe administrative et financière, met à disposition des compétences et expériences variées et complémentaires.

•14h00 – 16h00
Elise Fajgeles
Rôle de La Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH)

La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme a été créée en février 2012. Fin 2016, la Délégation interministérielle a vu son champ d’intervention élargit à la lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT. La Dilcrah est chargée de concevoir, de coordonner et d’animer la politique de l’Etat en matière de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. A cette fin, elle exerce un rôle de conseil et d’animation auprès des ministères, notamment en matière d’éducation, de police et de justice mais aussi de culture, de politique de la ville, de numérique, d’outre-mer, etc. Elle a notamment coordonné l’élaboration du plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme 2018-2020 et du Plan national d’actions pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2020-2023 .
Placée sous la tutelle du Premier ministre, la Dilcrah est dirigée par la Préfète Sophie ELIZEON, nommée en Conseil des ministres le 17 février 2021. 

Elise Fajgeles est secrétaire générale de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH).

•16h30 – 18h
Françoise Lantheaume et Anne-Claire Husser
Entre ignorance, requalification et traitements des discriminations : exemples de professionnels de l’enseignement secondaire

La table ronde reviendra sur quelques résultats de la recherche Religion Discriminations Racisme en milieu scolaire conduite auprès de professionnels exerçant en collège et lycée.
Il s’agira notamment de revenir sur la très faible mobilisation de la catégorie de «discrimination» par ces derniers pour décrire les situations professionnelles auxquelles ils sont confrontés au profit d’autres catégories comme celles de «harcèlement» ou de «racisme». On s’interrogera ainsi sur la difficulté à objectiver la discrimination et le rôle de ces requalifications dans le traitement des situations concrètes.

Françoise Lanthéaume est sociologue, spécialiste de la transmission de la mémoire coloniale, professeure des universités en sciences de l’éducation à l’Université Lumière-Lyon-II.
Anne-Claire Husser est maîtresse de conférences en Philosophie et Sciences de l’éducation à l’Université Claude Bernard-Lyon 1

Vendredi 1er octobre 2021
Amphithéâtre

•9h – 11h
> Grand témoin
Samir Hadj Belgacem

Discussion autour de l’ouvrage « L’épreuve de la discrimination – Enquête dans les quartiers »
La France n’a pas pleinement pris la mesure de l’ampleur du racisme et des discriminations qui la traversent. Des millions d’individus subissent au quotidien micro-agressions et stigmatisation, voient leurs opportunités d’ascension sociale entravées, leur espérance de vie écourtée. À partir d’une enquête inédite dans plusieurs quartiers populaires en France, mais aussi au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, cet ouvrage analyse les conséquences du déni qui entoure les discriminations : dépression, exil, repli sur soi… Face au drame silencieux qui s’opère sous nos yeux, c’est une invitation à une prise de conscience collective. Paradoxalement, l’expérience des discriminations peut aussi nourrir des compétences et savoir-faire nouveaux, développer la capacité à agir des habitants des quartiers populaires qui se lèvent face aux violences policières, se mobilisent dans des associations ou investissent les partis politiques. On assiste ainsi peut-être à l’émergence d’une nouvelle génération militante, engagée pour l’égalité.

Samir Hadj Belgacem est maître de conférences en sociologie à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne.
Il est membre du programme ANR EODIPAR (Expériences des Discriminations, Participation et Représentation).

L’épreuve de la discrimination – Enquête dans les quartiers populaires a été co-écrit par Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Samir Hadj Belgacem, Sümbül Kaya, Anaïk Purenne, Guillaume Roux et paru aux PUF en 2021.

•14h-14h30
Présentation de la démarche Cpas1option
Association BDA (Bureau Des Architectes)

Le BDA de l’ENSASE s’est engagé dans l’initiative Cpas1option, qui a pour vocation de faciliter la mise en place de réflexes pour sécuriser les événements festifs, ainsi que l’amélioration du bien-être étudiant. Une charte a été signée en 2021entre le BDA et la direction de l’Ecole, proposant aux acteurs de la vie étudiante de manifester, au-delà de leurs obligations réglementaires, leur engagement pour une collaboration synergique sur les problématiques de prévention, par le biais d’un guide pratique, un baromètre et un comité de pilotage.

•14h30-16h30
Harcèlement
par les Compagnies Acthéâtre et Le Miroir aux Gens

La pièce « Harcèlement » écrite pour la démarche Cpas1option avec l’IMT Nantes et l’Ecole Centrale Paris et Lille, retrace le parcours d’un professeur chargé bien malgré lui d’organiser un temps de travail sur le harcèlement pour un congrès.
Sa conception de la chose se limitant à une image hollywoodienne, on le verra enquêter sur ce que peut être le harcèlement au quotidien.

Les compagnies Acthéâtre et Le Miroir aux Gens défendent depuis 1994 un Théâtre d’Utilité Publique.
Une bonne part de leurs intervenants, en dehors de leur qualification d’acteurs, d’auteurs, de metteurs en scène ou de formateurs, ont vécu les problématiques exposées : anciens consommateurs de psychotropes rétablis, personnes en situation de handicap, aidants, tous capables de témoigner de façon très pratique sur la vie, les conséquences et les solutions d’un parcours à problèmes dans le cadre privé ou professionnel.

> Exposition
Images et Colonies (1880-1920)

Présentée du 20 septembre au 8 octobre 2021 en salle d’exposition

Editeur/Partenaire : MHC-BDIC et Groupe de recherche Achac
Auteurs : Nicolas Bancel, Pascal Blanchard

Images et Colonies présente un siècle d’iconographie et d’histoire coloniale à travers des affiches, des couvertures illustrées, des objets issus des arts décoratifs ou des arts industriels ainsi que les œuvres de grands orientalistes tels que Fromentin, Guillaumet ou Dinet. Par le biais d’images surprenantes et inédites, l’exposition sensibilise le public aux problèmes des représentations de l’Autre dans les relations intercommunautaires, dans un contexte d’interdépendance croissante entre l’Afrique et l’Europe.
Cette exposition a également pour objectif de dialoguer avec le public sur la manière d’appréhender autrement les questions liées à la colonisation.

Le Groupe de recherche Achac est un collectif composé de chercheurs (historiens, politologues, anthropologues, historiens de l’art…) en relation avec de nombreuses institutions, équipes de recherches et universités, qui travaille sur les représentations, les discours et les imaginaires coloniaux et post-coloniaux, ainsi que sur les flux migratoires extra-européens. 

Toutes les conférences se tiendront en amphithéâtre et seront retransmises en direct en salles 123, 219 et 404.
Le port du masque est obligatoire pour tous, partout et en toute circonstance.
Pour tout public extérieur, l’accès à l’ENSASE est soumis à la présentation du pass sanitaire et sur inscription à communication@st-etienne.archi.fr